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Artavazd Pelechian

A l'occasion de la sortie du film la Nature

venez découvrir ou redécouvrir l'oeuvre du grand cinéaste arménien

Du 23 avril au 22 mai 2022

« L’œuvre d’Artavazd Pelechian fait figure d'éblouissante comète dans l'histoire du cinéma, et l'homme, dont les apparitions se font de plus en plus rares, est nimbé de mystère. Né en 1938 à Leninakan, en Arménie soviétique, Pelechian s'est formé au début des années 1960 au VGIK, la célèbre école de cinéma soviétique, et est l'auteur de treize films, depuis son film d'études intitulé La Patrouille de montagne (1964) jusqu'à Vie (1993).

(…) Cette œuvre, qui demeure largement méconnue du grand public, peut être considérée comme documentaire, mais fait imploser en réalité, par son lyrisme poétique, le cadre couramment admis du genre. C'est un cinéma sans acteurs, ni dialogues ni histoires, qui prend à bras-le-corps la matière filmée, l'ingère et la régurgite dans une succession de salves vibratiles, tantôt suaves, tantôt explosives, mais toujours imprégnées de la plus vive sensibilité, de la plus folle inspiration. En vérité, il serait plus juste de désigner Pelechian, après David W. Griffith, Serguei Eisenstein et Dziga Vertov, comme l'un des plus grands monteurs de l'histoire du cinéma, et assurément le plus halluciné de tous.

(…) La science du rythme, l'entrelacs réinventé de la bande-son et de la bande-image, l'art du montage à distance, qui sépare plus qu'il ne relie, évoquent l'ambition de ce cinéaste hors normes de proposer, comme en repartant de zéro à mi-chemin du muet et du sonore, une vision du cinéma tel qu'il aurait pu exister.

Cette ambition prométhéenne, l'homme Pelechian en accuse comme il convient la dimension utopique. Reclus quelque part à l'Est, n'ayant plus rien réalisé depuis 1993, opposant une certaine force de résistance à l'exploitation de ses films existants, le cinéaste est devenu de son vivant une sorte de mythe cinéphilique. »

Jacques Mandelbaum
Article paru dans Le Monde, 24 juillet 2007
Le Monde